C'était un bazar sans nom dans leur maison. Leurs chambres ça allait à peu près, si l'on veut bien faire abstraction des traces de pieds blanches qui maculaient les parquets ! Mais elles étaient impossibles à éviter car ils devaient passer par le salon et emprunter l'escalier pour accéder à leurs petits univers nichés dans le haut de cette maison en travaux.
Leurs chambres, enfin surtout celles des garçons avaient fait partie du premier lot de travaux, un peu en même temps que la nouvelle salle de bain de leurs parents, et la future salle de télé qui allait s'installer à la cave. Mais depuis le début de la semaine, ils avaient perdu l'ensemble de leurs repères : d'abord le salon entièrement recouvert de plastique, puis la table et les chaises vendu sur Leboncoin, suivi du canapé et du fauteuil. Il avait fallu descendre toute la vaisselle à la cave, vider les tiroirs des meubles, décrocher les tableaux et ranger la déco dans des cartons. Oscar avait vu sa chambre se remplir avec le petit fauteuil rouge et le pouf. Les ouvriers enduisaient et ponçaient les murs. Les électriciens s'appliquaient à creuser des "saignées" dans les murs pour passer des fils électriques qui, au final, ne se verraient plus. Le niveau de poussière dans l'air dépassait les limites du raisonnable.
Le soir, une fois les ouvriers partis, il fallait soulever les bâches en plastique qui recouvraient la cuisine et celle du coffre à aspirateur. Celui-ci devenait alors la table du diner (et du petit déjeuner, avant de retrouver sa bâche !!). Les trois enfants descendaient leurs chaises de bureau, ainsi que le fauteuil rouge et le pouff. Leur maman sortait une des nappes à carreaux rouges et blancs de son mariage, et ils pique-niquaient dans le chantier. Apéro, sushis et soupe réchauffée au micro-ondes. Personne ne se sentait l'âme de cuisiner, ou même de faire une salade verte dans ce souk poussièreux. Evidemment ils ne s'éternisaient pas en bas, ni avant ni après le repas... ils se couchaient tôt et lisaient dans leur lit. Ils avaient même dû faire une croix sur leur nouveau rendez-vous quotidien. Plus de retrouvailles sur le canapé à l'heure du journal de 20h, il n'y avait plus de télé non plus. Et plus de wifi. Tout avait été débranché et déposé dans un coin du bureau de leurs parents. Bureau qui n'en avait plus que le nom, car il ressemblait davantage à un entrepôt d'avant brocante !!!
Si tout le monde arrivait à s'en sortir matin et soir, il était évident qu'il fallait oublier toute perspective de déjeuner dans la maison. Ce n'était pas un problème. Sauf le mercredi. Le mercredi les cantines sont fermés.
Ce mercredi-là, impossible pour leur parents d'échapper à leurs rendez-vous professionnels. Leur maman avait pensé qu'ils pouvaient aller déjeuner chez Mac Do tous les trois, mais ça tombait mal car le soir même Kanu avait un diner Mac Do avec son équipe de Hand et, même pour les amateurs de hamburgers qui sommeillent en eux, deux Mac Do dans la même journée ce n'était pas la joie !! Alors elle leur a proposé : "Je vous donne 5 tickets resto et Jules va au collège en sortant de l'école rejoindre Kanu et Oscar, et ensuite vous allez déjeuner à l'Olivier". C'est comme ça que pour la première fois de leur vie, ils ont déjeuné au restaurant juste tous les 3, sans parents, sans adultes, dans ce restaurant qu'ils aiment tous les 5, et dans lequel ils ont souvent déjeuné les jours de rentrée scolaire. Le serveur les a reconnus, et tout à son étonnement de les voir débouler rien que tous les 3, il leur a offert l'apéro (le brief était clair une pizza ou un plat de pâtes au choix mais pas de boisson sucrés !!).
Elle, leur maman, a téléphoné à son mari qui était en Allemagne pour lui dire qu'ils étaient tous les trois au restaurant. Ils étaient émus un peu de la même façon, et ils se sont dit ensemble qu'ils auraient aimé être petites souris cachées dans un coin de l'Olivier ce mercredi midi. Elle a aimé les SMS reçus pour lui raconter les choix de chacun, le bonheur d'être juste à trois et la joie de se sentir un peu comme des grands...
Elle leur souhaite du plus profond du coeur que ce premier resto juste tous les trois soit le premier d'une longue, longue, longue série ;-)
C'est un souhait qui souhaite parfaitement réalisable compte tenu des liens qui les unissent et que l'on ne peut que partager.
Psittt,courage pour la poussière, je ne veux surtout pas te saper le moral mais on en retrouve longtemps même quand les travaux sont finis. ;-)
Rédigé par : Christelle | 09 avril 2015 à 10:13
souhait qui semble, pardon!
Rédigé par : Christelle | 09 avril 2015 à 10:14
il y en aura d'autres, sûr ! Une belle complicité, c'est top ! Et une chouette marque de confiance !
Rédigé par : marieno | 10 avril 2015 à 00:08
Super emouvant .... J'adore la complicite de tes enfants. J'espere que les miens partageront eux aussi , un jour, un premier resto a 3. Bises
Rédigé par : Marie | 19 avril 2015 à 20:49